vendredi 29 octobre 2010

Chapitre 09


            La première chose que l’on entendait, c’était la musique. Douce, mélodieuse, qui invitait le visiteur à poursuivre sa route. Puis, dans la nuit sombre, les citrouilles flottantes transformées en photophores, qui éclairaient le chemin menant au Sombre Palais, parfumaient l’atmosphère d’une odeur de bougie. La brise fraîche faisait frissonner la végétation alentours et danser les feuilles mortes, comme un prélude à la soirée à venir.
Confortablement installé dans son fiacre, Abélard regardait lentement défiler le paysage familier des jardins devant le Palais.
Il souffla, lissa sa veste, attrapa sa montre à gousset et vérifia pour la énième fois l’heure.
« Cette aiguille ne veut décidément pas bouger», pensa t’il.
Il était impatient.
Impatient de La voir.
De La voir traverser la salle de bal, en virevoltant parmi les convives. Sa robe flottant autour d’Elle à chacun de ses mouvements.
Il ferma les yeux pour mieux imaginer la scène. Sur ses paupières, s’imprimait l’image de Ses lèvres, de Ses yeux, de Ses bras, de Sa gorge.
Le Duc sentit que ses joues étaient devenues chaudes.
L’excitation le gagnait.
Il passa sa langue sur sa lèvre supérieure et serra les poings.
Il devait se calmer ! Il n’avait pas le droit de penser à Elle.

Pour se calmer, il se remémora le pourquoi de la soirée et son rôle.
Cette semaine, le Grand Patron avait donné une série de festivités pour célébrer « Halloween », comme disent les Humains.
Pendant une semaine, les Etres Magique avaient eu le droit de passer d’un monde à l’autre sans avoir à remplir une tonne de paperasse pour obtenir leur autorisation de voyager. Les Etres Magique avaient donc eu l’opportunité de faire la promotion de leurs services aux Etres Non-Magique. Sans se cacher, avec pignon sur rue, pouvant ainsi faire l’étalage de leurs business plus ou moins légal, sans craindre le moindre contrôle ou surveillance.
Enfin pour cette semaine seulement.
Car ce soir là, Abélard savait que le lendemain serait une dure journée. Il devrait courir d’un service de l’Etrange Parlement à un autre, pour régler l’affaire gênante d’un Ministre, un abus dans les closes d’un contrat, un sort défectueux ou tout simplement faire la police à la frontière.

«Vivement que je sois moi-même Ministre », murmura l’homme blond. Il avait beau satisfaire la Dame d’Honneur en tout point, elle ne le récompensait jamais.
Quoique … à l’écouter, le fait de l’avoir à son bras était suffisamment gratifiant pour tout ses « efforts » fournis. Selon elle, il n’avait donc pas à se plaindre.
Le visage de l’androgyne se tordit d’une grimace de dégoût. Il avait hâte que cette mascarade cesse. Il n’en pouvait plus de cette situation.
Mais si seulement il était sûr de ses sentiments à Elle.
Elle qui ne lui adressait pas un regard. L’ignorait. Refusait de lui accorder la parole lors de débats, …
Tout ce qu’il peut faire, c’est d’être présent à chaque fois qu’Elle sortait, qu’il y avait audience public. Il était toujours là. Au premier rang.

Le fiacre stoppa soudain sa course lente vers le Palais Obscur.
Il s’était arrêté aux pieds de l’escalier d’honneur.
Abélard resserra sa cravate pourpre. Se composa une expression de complaisance et mis ses gants de fin chevreau noir.
Un des innombrables grooms du palais ouvrit la porte de son véhicule. Le salua et s’écarta pour lui permettre de descendre.
Habillé d’un costume noir à queue de pie. Il ne semblait pas avoir changé grand-chose à son apparence habituelle. Grands, les épaules carrées, la taille fine pour un homme, le visage en forme de cœur, il avait, pour une fois, lâché ses cheveux blonds, longs et ondulés.
Ses yeux bleus et sa chevelure de blés tranchaient avec sa tenue sombre. Il avait l’air d’un ange grimé en démon. L’effet était là. Son « déguisement » était donc parfait.
Il fit donc, le plus aisément du monde, son entrée dans la salle de bal.
Sa silhouette androgyne provoquant émois et envie aussi bien chez les femmes que chez les hommes.
Mais Elle, restait indifférente.
Le Duc Abélard, Conseillé auprès du cabinet du Ministre des Affaires Inter-Monde, se saisit d’un verre de vin, qu’une des nombreuses serveuses portait sur un plateau d’argent. Il en but une petite gorgée. Quelqu’un venait de le reconnaître et marchait dans sa direction. Il sourit à son interlocuteur tout en conversant.
Du coin de l’œil, pourtant, il avait remarqué que l’un des convives lui jetait un regard noir.

            « Regarde moi qui vient d’entrer Fig’, la Grande Blonde, hahaha !!, dit Zolzite après avoir donné un coup de coude a son ami. »
Le renard regarda dans la direction indiqué par son précédent patron. Il vit un homme à la silhouette fine, habillé de noir et qui avait ses longs cheveux blonds détachés.
Figaro tourna son regard vers Zolzite qui affichait un sourire narquois.
« C’est le gigolo de ma chère mère. Elle a vraiment des goûts bizarre tu ne trouves pas ?? On ne saurait dire si c’est une femme habillé en homme ou un homme qui se plaît à se transformer en femme !! Ridicule. Le démon, reposa son verre vide et en attrapa un autre qui passait par là.
-         Monsieur, vous ne devriez pas parler ainsi d’un membre du gouvernement.
-         Ohlalalaaaaaaaaaaa !!!! Tu n’as vraiment pas changé en 10 ans. Tu sais, à moi, on ne me dira rien. Les gens ont trop peur : et de ma mère, et de ma sœur, assura le jeune homme au regard électrique. 
-         Papaaaaaaaaaa !!!, dis une petite fille aux cheveux bleue en se jetant sur son père, as vue ‘a ‘obe ?? est ‘olie hein !?
-         Oui ma chérie, tourne un peu que je te voie, répondit Zolzite le regard attendris.
Lullaby s’exécuta en riant. Elle portait une robe qui semblait être faite avec des feuilles d’arbres vertes, dès que la petite fille bougeait, de la poussière d’or s’en échappait, lui donnant un aspect féérique.
-         ‘est un ‘éguisement d’elfes, ‘est ‘atie ‘ouzou qui me l’a ‘fferte !!! dit Lulla avec un grand sourire. »
Zolzite balaya la salle du regard, pendant que Figaro remettait en place un ruban dans les cheveux de Lulla. Il croisa un regard parme. C’était sa sœur. Elle aussi le cherchait des yeux. Ils se regardèrent un moment. Ils semblaient avoir cette communication silencieuse qu’ont parfois les jumeaux entre eux. Ils se sourirent. Puis Zouzou pivota et disparut parmi la foule des invités.
Zolzite soupira. Elle était vraiment belle dans sa robe rouge. Lui ne portait qu’un costume brun. Il n’avait pas mis de cravate. Il ne supportait pas cette sensation d’étranglement. Il avait donc la chemise ouverte, tout simplement. Ses cheveux étaient attachés comme il le faisait à chaque fois qu’il devait être présentable.
Pendant un long moment, le démon fixa l’endroit où s’était tenue sa jumelle, quelques minutes auparavant.
Et c’est là qu’il le revit.
Ses cheveux courts. Roux. Ses yeux d’un jaune pâle aux pupilles marron. Ses lèvres rouges. Ce faux air triste. Cette peau blanche.
Zolzite fut parcourut d’un frisson de dégoût. Il sentit que l’on s’agrippait à son pantalon de manière fébrile. Sa fille aussi, l’avait vue. Il posa une main protectrice sur l’épaule de Lulla.
Le Monstre était là. Ce sbire sanguinaire qui nettoyait les cadavres derrière son maître, sans jamais rechigner.
Mais cela faisait quelques années maintenant qu’il n’avait plus effectué ce genre de travail. La rumeur voulait, que la nuit, l’on pouvait le voir rôder dans les bas fonds de la Sombre Capitale. Les yeux brillants dans la nuit. De la bave aux coins des lèvres. Vêtue légèrement.
Le monstre regarda d’un air neutre le père et la fille.
Fit une petite révérence et s’en alla.
Zolzite s’accroupit devant sa fille et la prit dans ses bras. Elle tremblait comme une feuille.

Gorgophonée se retourna. Elle croisa le regard bleu de Zolzite. Mais ce regard …

… était plein de haine.

Traped

I've been traped.

She catches me.


She puts me in jail.

I can't escape.

jeudi 30 septembre 2010

Déguisement

mercredi 8 septembre 2010

The Twins




lundi 6 septembre 2010

Chapitre 8

Dans une chambre, éclairée par quelques bougies disséminées un peu partout dans la pièce. Une femme sans âge, aux longs cheveux blancs, installée devant une coiffeuse en argent, jeta avec rage une pince à cheveux sur l’image que lui renvoyait le miroir.

Décidément elle n’arrivait pas à se coiffer.

Elle fusilla du regard le morceau de métal doré plié qui lui avait meurtri le cuir chevelu, comme si il était à l’origine de toutes ses misères.

La femme ferma les yeux, respira calmement puis les rouvris.

La première chose qu’elle vit fut une paire d’yeux de la couleur des mousses qui recouvrent les arbres après le passage de la pluie, qui la fixait avec dédain. Elle remarqua ensuite les longs cils noirs qui les auréolaient telles des couronnes. Des sourcils sombres, légèrement froncés, qui donnent au regard un air sévère. Un front lisse, qui semble poli par les siècles. Les mèches de cheveux blancs qui encadrent le visage rond de la femme. Elle détourna son regard de la chevelure immaculée qu’elle avait acquise au prix d’un énorme sacrifice doublé d’une trahison.

Pour chasser ses souvenirs sombres, la Dame d’Honneur se concentra sur les joues roses, le nez gracieux et arrondi ainsi que la bouche pleine et rouge du reflet. Ce dernier sourit, laissant apercevoir des dents aussi blanches que la chevelure.

La femme ferma les yeux à nouveau brièvement.

Elle entendit des bruits de pas et des gloussements féminins provenant du couloir :

« Mais siiii !!! Je te dis que je l’ai vue, viiieeennnns !!!! dit une première voix avant de rire.

- Tu es bien sûre que c’était lui ?? demanda une deuxième voix d’une manière enjoué.

- Il est si beaaauuuu !!! Je le reconnaîtrais entre mille, répondit la première. »

Leurs bruits de pas précipités s’évanouirent au fur et à mesure que les deux servantes parcouraient le couloir.

« Ces filles ne peuvent donc t’elles pas montrer un peu de tenue !?! » pensa la Dame d’Honneur en serrant les poings.

Après tout, le retour de son … n’était pas … Peu importe.

Roona fronça les sourcils. Attrapa une brosse et commença à démêler nerveusement ses longs cheveux. A bout de nerfs, elle reposa l’objet brusquement sur la coiffeuse et claqua des doigts. Ses cheveux de neige s’animèrent pour former un chignon d'où s’échappaient quelques mèches. Elle se leva, s’habilla d’une robe jaune pâle de style empire, passa quelques bracelets d’or à ses poignets et sortit de ses appartements.

Il y avait foule, aujourd’hui, dans la Salle du Trône du Palais Obscur. Ou plutôt, un attroupement féminin. Toutes ces dames gloussaient comme des jouvencelles à la vue de l’un des mâles les plus en vue de la Cour.

Il souriait à qui lui adressait un sourire ou une parole agréable. Ses yeux bleus envoûtant, faisaient tourner la tête à toute des femmes. Leurs maris, ou soupirants, n’en étaient point jaloux. Au contraire. Plus leurs bien aimées et épouses arrivaient à s’approcher de lui, lui parler, … plus ils se sentaient honorés. Ils se vantaient, entre eux, des honneurs que cet homme pouvait accorder à leur dame, quel qu’il soit.

Pourtant ce jour-là, Zolzite ne pensait pas au bien qu’il pourrait accorder à une quelconque dame. Mais plutôt au bénéfice que lui accordait le fait de sortir, à la vue de tous, des appartements privé de la Grande Sénéchale, sa sœur. Tout à coup, les regards de haines s’étaient transformés en regard d’admiration, de respect, … Il ne devait pas oublier de remercier son double la prochaine qu’il la verrait. Elle, au moins, pensait à lui. Il l’avait toujours secrètement adulé et cela ne changerait jamais. Elle pouvait le blesser autant qu’elle le voudrait, il ne lui en tiendrait jamais rigueur.

Mais cette joie ne fut que passagère car les personnes se trouvant autour de lui détournèrent, comme un seul homme, leurs regards pour regarder de l’autre côté de la pièce.

Là, dans l’encadrement de la double porte d’entrée de la Salle du Trône, se tenait la personne que Zolzite ne voulait pas voir pour tout l’or des deux Mondes.

Sa mère.

Éblouissante, comme toujours, elle s’avança vers lui, impassible. Elle ne le regardait pas. Tout le monde s’inclinait et reculait sur son passage, pour lui faire une haie d’honneur.

Zolzite ne s’inclina pas. Ne recula pas. Roona, quand à elle, passa à côté de lui comme si il n’existait pas. Elle continua son chemin, traversant la salle d’un bout à l’autre, sans s’arrêter sur rien ni personne. Elle disparut bientôt à la vue de tous.

Là, les personnes venues quelques minutes plus tôt, pour apercevoir, parler au frère de la Grande Sénéchale quittèrent la pièce à la suite de la Dame d’Honneur. Tous allèrent là où elle allait. La pièce fut vide en quelques minutes, et tout cela sans qu’aucune parole ne fut prononcée. Ils partirent tous, comme hypnotiser par cette femme éternelle et puissante. Cette femme qui ne connaît que les avantages du pouvoir et qui pourtant ne l’exerce pas.

Zolzite se retrouva soudainement seul au milieu de la Salle du Trône.

Il pivota pour se retrouver en face du Trône qu’occupe sa sœur quand il y a audience officielle ou conseil ou encore jugement ou festivité.

Il était vide.

Il était austère.

Zolzite venait de se faire humilier.

Par sa propre mère.

Un bruit de pas raisonna à l’entrée de la Salle du Trône, près des doubles portes. Une jeune fille s’avança vers Zolzite. Lui adressa un regard compatissant. Elle leva la main pour la poser sur son épaule. Le frère de la Grande Sénéchale repoussa cette main et adressa un regard noir à la jeune fille.

« Je n’ai pas besoin de ta pitié !!! Va t’en la rejoindre, sinon maman va se demander où a bien pu passer son petit toutou, cria Zolzite. »

Zéline baissa la tête et alla rejoindre sa mère.

Il n’avait pas besoin que cette petite cruche vienne en rajouter.

Il regarda le soleil par l’une des hautes fenêtres de la salle du Trône. Il devait rentrer chez lui.

Attablée à une des extrémités de la longue table de la cuisine, une petite fille faisait tourner, au bout d’une fourchette à dessert, un chamalow dans sa tasse de chocolat chaud. Une fois qu’il eut assez tourné elle le mit dans sa bouche. Elle ferma les yeux et sourit de contentement en sentant fondre la guimauve dans sa bouche. Elle se mit à balancer ses pieds, étant trop petite pour toucher le sol.

Un bruit de porte mal graissée, que l’on ouvre et que l’on referme se fit entendre.

La petite fille ouvrit les yeux. Et à la vue de la personne qui venait d’entrer dans la pièce, elle bondit de la chaise où elle était assise et se jeta dans les bras du nouveau venu.

« Papaaaaaaaaa !!! ‘u es rentré !!! hihiiii !!! s’écria de joie la petite fille.

Zolzite déposa un baiser sur le front de sa fille.

- Oui Lulla, et devine quoi ? J’ai quelque chose pour toi.

- Ooooohhhh !!! ‘ontre moi ! ‘iiiiiittteee !!! dit Lulla avec impatience.

Zolzite posa sa fille par terre et déposa sur la table une boîte en fin carton blanc entouré d’un ruban dorée.

- Devine de qui ça vient ?? demanda Zolzite.

- Mmmmmmhhh …, commença Lulla, de ‘atie Zouzouuuuuuuu ???

- Je crois qu’elle était facile celle-là, soupira avec amusement Zolzite.

- Oééééééééééé !!! ‘e peux l’ouvrir Papaaa ???

Zolzite sourit. Il dénoua le ruban et ouvrit la boîte. Il y avait un assortiment des pâtisseries les plus appétissantes et les plus rares que l’on pouvait trouver dans l’Autre Monde. Les yeux de Lulla se mirent à pétiller. Elle se rassit à table avec impatience pendant que son père en disposait une, sur une assiette de porcelaine.

Zolzite s’assit à côté de sa fille et la regarda manger avec gourmandise ce qu’il lui avait ramené de son entrevue avec la Grande Sénéchale, tout en passant ses doigts dans les cheveux bleus de Lulla.

mercredi 1 septembre 2010

Red Rose



We will be together forever


Whatever happen.