mercredi 17 février 2010

Chapitre 3

« Une caresse sur ma joue.

Une lumière aveuglante.

Ton sourire.

Ton regard posé sur mon visage.

Quel doux réveil.

Un son de draps que l’on froisse. Tu te lèves. Ta silhouette fait le tour du lit et sort de la chambre.

Là, à ce moment précis, mon monde bascule.

Mon « cœur » se serre. Une sueur froide coule le long de mon dos.

La peur monte.

Je ne te vois plus.

Où es tu ?

Que fais-tu ?

Qui regardes-tu ?

A qui parles-tu ?

Et puis la peur laisse place à la colère.

Je vois rouge, comme vous dîtes.

Mon esprit est envahi par de sombres pensées.

Je me rappelle des jours anciens, où l’on pouvait assister à des exécutions publiques.

Je veux prendre la place du bourreau.

Je veux attraper une hache et trancher un cou.

Je veux envoyer valser un tabouret supportant un futur pendu.

Je veux mettre le feu au bûcher.

Je veux actionner la guillotine.

Mon cœur d’affole et transpire d’excitation à l’idée d’entendre des cris de supplicier. »

A son tour elle rejeta les draps. Se leva. S’habilla d’une longue robe brune. Se coiffa. Sortit de la chambre. Remonta le long couloir. Descendit l’escalier magistral. Traversa le hall. Ouvrit une porte se trouvant sous l’escalier. Descendit un nouvel escalier, en colimaçon cette fois, qui semblait avoir été creusé dans la pierre. Il n’était éclairé que par des torches disposées de manière irrégulières.

Arrivée en bas des degrés, elle se retrouva dans une large salle aussi brutte et nue que l’escalier qu’elle venait de quitter. Plusieurs portes se présentaient à elle, toutes identiques.

Gorgophonnée s’arrêta pour reprendre son souffle. Elle avait courue depuis la chambre pour se retrouver là. Dans les souterrains du Palais Obscur.

Elle passa une main tremblante sur son front en sueur. Replaça une mèche de cheveux derrière son oreille. Passa sa langue sur sa lèvre supérieure tout en détaillant une à une les portes.

Elle tremblait toujours. Pas de peur. D’excitation.

Elle devait se dépêcher. Choisir une porte.

Choisir une proie.

Brusquement, elle pivota sur la droite. Une étagère apparut devant ses yeux, portant sur ses larges planches diverses armes dangereuses et extravagantes.

Elle fit un pas en avant vers le meuble.

Elle commença à se tordre les mains.

Ses lèvres bougaient comme si elle parlait à toute vitesse mais aucun son n’en sortait.

Puis elle se figea.

Tourna la tête vers la gauche et se précipita sur une porte.

Elle l’ouvra si violement qu’elle sortit hors de ses gonds.

Gorgophonée n’en avait que faire. Elle la projeta à l’autre bout de la pièce comme si il s’agissait d’un vieux chiffon.

Puis elle avança.

Se remit à courir le long du couloir, révélé par la porte arrachée.

De plus en plus vite.

Ses pieds se prenant dans les pans de sa longue robe.

Au bout de quelques minutes qui lui avaient paru des heures.

La « jeune fille » atteint le bout du couloir.

Une impasse.

Au moment où elle s’immobilisa. Des torches s’enflammèrent autour d’elle.

Elle put ainsi découvrir un espace beaucoup plus large que le couloir. Le mur du fond était couvert de lierres. Ses feuilles, d’un vert vif, ne semblaient pas souffrir du manque de soleil. Une fontaine en marbre gargouillait au milieu de l’impasse. Elle déversait une eau claire et pure dans son bassin. L’eau semblait jaillir du cœur d’une silhouette enfantine.

Gorgophonée plongea ses mains dans le bassin et soupira. La fraîcheur de l’eau lui faisait du bien. Mais n’arrangeait en rien son état.

Elle était pourtant si prés du but.

Pour essayer de calmer son esprit bouillonnant, elle plongea son visage dans l’eau. Mais celle-ci lui sembla soudain brûlante. Elle s’extirpa du liquide avec un cri de rage.

C’est là qu’apparut un petit être. Il avait une forme humaine. Des cheveux blonds. Des joues roses. Des yeux bleus. Des lèvres rouge et pleines.

Gorgophonée se sentit attirée par lui comme un aimant. Elle n’avait qu’une envie : l’embrasser.

Le garçon lui semblait être l’innocence personnifiée.

Au moment où elle pensa ces mots, il se mit à rire.

Mais son rire n’avait rien de celui que devait avoir un petit garçon. Il était affreux. Strident. Assourdissant.

Et il ne s’arrêtait pas.

Elle crut que son « cerveau » allait exploser. Dans un geste désespéré elle plaqua ses mains sur ses oreilles et ferma les yeux mais cela n’arrangea rien.

Elle réussit à ouvrir son œil gauche et scruta l’espace dans l’espoir de trouver un objet capable de faire taire le garçon.

Le bruit était toujours là. Il semblait s’amplifier de secondes en secondes.

Puis elle vit un éclat dans le lierre.

Elle regarda plus attentivement et découvrit une lance. Elle se précipita vers elle. La pris dans une main et l’examina. Son manche était en bois d’ébène et la pointe en or. Elle semblait être très aiguisée.

Si elle avait pu, Gorgophonée se serait piqué le doigt sur la pointe pour voir si elle n’était pas émoussée mais elle doutait que son corps puisse produire du sang.

Décidée. Elle se jeta sur le garçon, le plaquant au sol et lui enfonça la lance en plein cœur.

Le rire se tut immédiatement.

Enfin le silence. Uniquement rompue par le gargouillement de l’eau de la fontaine.

Elle se releva.

Se tourna vers le mur de lierre et avança dans sa direction.

C’est sans surprise qu’elle s’y enfonça pour y disparaître.

Elle avait alors sur son visage un doux sourire.

Enfin. Elle allait pouvoir assouvir sa pulsion.

mercredi 10 février 2010

lundi 8 février 2010

Chapitre 2

J’étais dans une pièce. Seul

Tout d’abord, elle me paraissait être très sombre.

Puis, j’ai vu de la lumière provenant d’une fenêtre.

Et la pièce s’est soudain retrouvée baigné de lumière.

Mais cette lumière n’avait pas de chaleur. Au contraire, elle était glaciale.

Il me manquait quelque chose.

Il me manquait quelqu’un.

J’avais froid.

J’avais peur.

Je me sentais idiot.

Je me sentais observé, étudié.

Et puis j’ai senti le moelleux d’un tapis sous mes fesses d’enfant. Et là, à quelques centimètres de moi se trouvait des cubes en bois multicolore. Leurs couleurs étaient tellement vives, attirantes, réconfortantes, que je m’en suis emparé. Enfin j’ai essayé.

Mes bras, trop petits, ne pouvaient pas tous les contenir. Ils tombaient. Alors je les ai empilais, Construisant un mur entre moi et ce soleil froid.

Je me tournais vers la droite, un cube bleu à la main, et le tendis machinalement à ma camarade de jeux.

Mais j’étais seul.

« Elle » avait disparut.

J’étais toujours observé, étudié.

Je me suis endormi sur le tapis moelleux.

A mon réveil, j’étais toujours seul.

Plus rien n’était comme avant.

Je crois qu’ « Elle » ne m’aimait plus. Qu’ « Elle » ne m’aime pas … ?

Je ne sais pas … plus.

Et puis « Elle » m’est presque devenue étrangère. Pourtant « Elle » et moi sommes pareils. Nous sommes la même personne.

Quand je l’ai revue. « Elle » n’était plus seule.

L’autre était là.

C’était après la naissance du Monstre.