jeudi 3 novembre 2011

Partie II; Chapitre 1: Eveil


Lorsque l'on se réveille après avoir perdu connaissance, le temps paraît s'écouler avec une lenteur telle, qu'elle en devient indécente. Par contre pour la personne qui vit cela en tant que spectateur, le lapse de temps entre l'inconscience et l'éveil est très court, une minute tout au plus. Surtout quand ce tiers ne perçoit pas cet état d'inconscience. Honte à lui? Pas forcément. Il arrive qu'une perte de connaissance dure le temps d'un battement de cil. Alors que pour la personne dont l'esprit s'évade c'est tout autre chose qui se produit.
Premièrement, on ne perçoit pas le moment pendant lequel on bascule de l'état de conscience à celui d'inconscience, un peu comme lorsque l'on s'endort. Ensuite cette période d'abscence dure plus ou moins longtemps, le temps de voir s'imprimer sur ses paupières quelques images furtive, inventées ou simples souvenirs. Puis soudainement, sans savoir pourquoi, l'on sort de sa torpeur. Il y a un léger moment d'incompréhension, puis enfin la lumière sur la situation se fait. Et là vient le malaise, la prise de conscience de ce qu'il vient de se passer. On peut avoir chaud ou froid. Mal à la tête ou pas. Sentir son estomac se retourner avec une soudaine envie de se pencher sur un évier ou une cuvette de toilette.
Quoiqu'il en soit, c'est avec cette envie soudaine qu'émerge de sa torpeur Lukas March. Elle s'était évanouie, là, contre ce mur humide. Elle tourna la tête, se pencha et rendit à la nature, sous forme liquide, ce qu'elle lui avait grâcieusement offerte. Le liquide vint éclaboussé ses chaussures ainsi que ses colants et le bas de sa robe noire. Tremblante, elle s'essuya la bouche d'un revers de main tout en se redressant. Quelques mèches de cheveux lui collaient au visage. Elle était en sueur. Mais une sueur froide, glaçante. Elle n'irait sans doute pas travailler demain. Pourtant, on avait besoin d'elle pour une télé-conférence. Elle eut un hoquet et posa une main sur son estomac comme si cela pouvait l'empêcher de se retourner à nouveau.
Levant les yeux elle observa le décor familier du cachot. Sur un seau en fonte, brûlait une grosse bougie un peu fondue. Au centre de la pièce, il y avait un cercle, tracé à la craie et de la fumée s'échapper de son milieu, embaumant la pièce d'une odeur de souffre.
Cela signifiait-il qu'elle avait réussi ?
Elle se souvenait juste d'être entré dans le cercle après avoir allumé la bougie.
Lukas marcha d'un pas chancelant, jusqu'à la fenêtre. Elle en profita pour retirer la pièce de tissu lourd qui bouchait la seule source de lumière naturelle de la cellule. Elle s'accrocha aux bareaux et tenta d'inspirer une bouffée d'air pur de la campagne, mais elle n'eut droit qu'à la délicate odeur de vase provenant des douves.
La jeune femme fit demi tour en grimaçant et commença à chercher une clé dans la poche de son tablier, autrefois blanc mais aujourd'hui recouvert de tâches qui n'avait rien à voir avec le milieu culinaire. Elle en sortie une, lourde et d'allure grossière, parsemmé de petites tâches de rouille. Elle chercha un court instant la porte des yeux, l'esprit encore embrumé par la vague d'image qui avait submergé son cerveau lorsqu'elle était inconsciente. Tout en essayant de les décripter, elle se dirigea vers la lourde porte de bois, plusieurs fois centenaire, introduisit la clef dans la serrure. Alors qu'elle sortait de la pièce, son esprit se fixa sur le sourire étincelant d'un jeune homme, vêtue d'un queue de pie et coiffait d'un haut de forme, les yeux rieurs, qui ressemblait étrangement à son patron. Etrange. Ce n'était pas dans son habitude de discuter avec lui par plaisir. Lukas refemit la pièce après un haussement d'épaules. Après tout, cette image n'était que le fruit de ses divagations inconscientes. Son patron avait-il les yeux si bleu?

Alors que l'on pouvait entendre les pas de mademoiselle March s'éloigner dans le couloir, la femme de ménage se dirigea vers le cachot qui venait de se libérer, tirant derrière elle un vieux chariot encombré de divers seaux et bidons de nettoyants aux étiquettes étranges. Elle suivit un moment la jeune femme des yeux. Elle ne l'aimait pas. La demoiselle vivait de manière contraire à la Règle des March. "Une anarchique!" pensa t'elle. Après avoir cracher sur le sol et tracé un signe de croix sur sa poitrine, la vieille servante poussa la porte de la cellule de manière à pouvoir passer avec son chariot. Une fois entré, la porte refermé, elle se retourna et fut frappé de stupeur. Pourtant elle en avait vue des choses tout au long de son service chez les March, mais elle ne s'attendait sûrement pas à découvrir, dans un coin sombre de la cellule, un tas de chair informe baignant dans son sang comme si elle avait éclaté. Mais le plus troublant était ce message qui semblait flotté dans l'air. Comme un murmure, une rumeur, une certitude.
La guerre était déclaré.
Cette Guerre annonçant la Fin des March.

Interlude

Je souhaite marquer une séparation entre ce que j'ai écrit et publié sur ce blog et ce que je vais publier.

Ce sera une sorte de deuxième partie.

Je change un peu d'ambiance. 
J'aime mettre de petites touche d'humour dans mes textes mais actuellement je me sens plus d'humeur à être sérieuse. 

Donc voici la Partie II des Sombres Histoires.

J'espère qu'elle vous permettra de vous distraire. 

Cette fois-ci je vais m'efforcer de mettre des titres à mes chapitres. 

N'hésitez pas à me donner votre avis par commentaire.