lundi 11 janvier 2010
samedi 9 janvier 2010
Chapitre 1
« Je possède tout ce que mes semblables désirent.
Je suis adulée, aimée, entourée, détestée, vénérée, jalousée dans tout l’Univers.
Je suis riche, puissante, mes pouvoirs n’ont aucune limite.
Je vous dirige tous.
Je suis votre Maître.
Et pourtant, cela ne me satisfait pas.
C’est peut être trop. Ou pas assez ?
Je suis tellement puissante que je suis devenue une notion aussi incontournable que celle du bien et du mal. Comme disent les humains.
Je suis partout. Car il y a toujours quelque chose. Le « Néant » n’existe pas. Car le fait de le nier me donne une contenance.
On ne peut pas m’éviter.
RIEN ne m’échappe.
Vous aurez beau me fuir, je saurais toujours où vous êtes.
Pourtant je ne suis pas la plus puissante.
Mon Seigneur est plus fort que moi.
Je suis à Son service. Je suis Son bras droit. Son bras armé. Sa Justice. Sa voix. Ses yeux. Ses oreilles.
Si j’en suis arrivé là, c’est grâce aux humains.
Avant, il y a des siècles, ils nous vénéraient. Nous étions leurs Dieux. Ils nous faisaient des offrandes, des sacrifices, construisaient des temples à notre gloire.
Et puis un jour, nous sommes devenus leurs ennemis.
Et Notre monde a basculé.
Nous étions des Dieux, nous sommes devenus des Démons.
Nous étions la Lumière, nous sommes devenus les Ténèbres.
Nous étions leurs Guides, nous sommes devenus leurs Ennemis.
Pour Eux
Mais tout cela est Erreur.
Ils ne se sont pas tournés vers les bons ennemis. Nous étions là pour eux, ne vivions que pour eux et ils nous ont chassés.
Nous vivons dans un autre Monde qu’ils appellent l’Enfer.
Mais cela est Erreur.
Nous vivons dans un Monde parallèle au leur. Mais nous pouvons aller de l’un à l’autre.
Nous gouvernons les deux faces dans l’ombre.
Nous sommes les Ténèbres et la Lumière.
Je suis le juste milieu.
Je ne suis ni bonne ni mauvaise.
Je suis Belzébuth et l’ange Gabrielle.
Je suis une arme et un bouclier.
Je suis un ami et un ennemi.
Je suis le chaud et le froid.
Je suis tout à la fois.
Mon Seigneur est un Ange et un Démon. Il est Lucifer.
Maintenant je vais rendre mon verdict.
Vous n’y échapperez pas.
Vous avez trahis nos lois. »
Sur ses mots, la femme se leva de son trône et descendit les marches qui la séparaient de l’assistance, sa longue robe noire, rehaussé de violet, ondulant gracieusement à chacun de ses pas.
Au milieu de l’allée, un homme était agenouillé devant elle. Il tremblait si fort que l’on pouvait entendre ses dents claquées. Sa tunique crasseuse lui collée à la peau, révélant la maigreur de son corps. Il semblait vieux et jeune à la fois. Ses cheveux bruns, sales, trainaient au sol. Ils avaient dus être sublimes autrefois car quelques mèches avaient gardés leurs ondulations naturelles. Sa longue barbe trahissait le nombre d’année passée dans les Sombres Cachots.
La femme saisit le prisonnier par le menton et lui redressa la tête. Il fut immédiatement hypnotisé par son regard.
L’assemblée, composée de nombreuses personnes élégamment habillées, fut parcourue par un grondement d’excitation quand la femme toucha l’accusé.
Une rumeur parcourut la salle : apparemment cet homme avait attendu pendant 500 ans le jour de son procès. Ce qui lui donnait une certaine valeur car il était rare qu’une personne arrive vivante le jour de son audience, après avoir passé autant de temps enfermé « là-bas ».
L’existence d’un tel prisonnier avait passionné une bonne partie de la noblesse de L’Autre Monde. Entrainant des débats, des paris et autres spéculations sur le sort que lui réservait la Grande Sénéchale.
La femme se pencha un peu plus vers l’homme et frôla son front de ses lèvres.
Ce geste eut le même effet qu’une décharge électrique sur le détenu.
Il se mit à hurler comme un dément.
La Grande Sénéchale se redressa. L’expression de son visage montrait qu’elle était grandement satisfaite de la réaction du prévenu. Elle leva son regard sur la foule qui s’était mise à ronronner de contentement. Puis elle pivota, remonta les marches de l’estrade et repris sa place sur le trône.
Appuyant son coude droit sur l’accoudoir. Elle posa son menton dans sa main. Puis d’un geste impérieux, elle pointa de son index gauche le futur condamné. Et d’une voix forte proclama :
« Votre sentence est … la Mort. »
A ces mots, une main se posa sur l’épaule du captif. Ce dernier se retourna et vit un visage angélique le regarder. L’inconnu avait un visage androgyne pourvu d’yeux d'un bleu étincelants et d’une chevelure blonde comme les blés, attachée en catogan. Il portait un costume noir, sobre, près du corps.
Le supplicié fut ébloui par cet être penché sur lui, telle une fée sur un berceau. L’anonyme sourit, le prisonnier se détendit.
Le sourire de « l’ange » se fit de plus en plus grand, dévoilant des dents d’une blancheur aveuglante. Mais ces dents étaient en réalité des crocs. Le regard de l’étranger se fit fou, une langue démesurée vint lécher la bave qui s’écoulait aux commissures de ses lèvres.
Le prisonnier hurla de plus belle lorsqu’il se rendit compte que toutes les personnes de l’assemblée, qu’il avait trouvé si élégantes quelques minutes auparavant, s’étaient transformées en monstres affamés.
Il ne fallut pas plus d’un clignement de paupières pour que plusieurs créatures se soit jetées sur le pauvre homme pour le dépecer.
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